![]() |
Jeudi 18 Janvier 2007 - Le jour des justes Jean Richard « Une vie de combattant » |
RPS 18793 - Jean Paul Émile RICHARD, étudiant en droit, né le 30 septembre 22, a quitté DOUARNENEZ en s’évadant à bord du Breiz Izel, un bateau de pêche, le 21 Janvier 44. Arrivé U.K.23 Janvier 44. Comme tous les évadés de France entrant au Royaume Uni, il passe par les services secrets de la Royal Patriotic School.A lire également : - Les Rapports complets de la Patriotic School concernant Jean Richard - Rapport déclassifié fin 2016 - La traduction du Rapport du 28 janvier 1944 - La traduction du Rapport du 2 février 1944 - Les Rapports des résistants français et des aviateurs américains présents sur le "Breiz Izel" |
|
Mr Raymond Guillard est décédé le 23 novembre 2014 à l'âge de 94 ans. Nous adressons à sa famille, toutes nos condoléances à l'occasion du décès de cet homme au parcours remarquable qui participa durant la seconde guerre mondiale au sauvetage et à l'évasion de nombreux américains, anglais et français, dont mon père, Mr Jean.
|
Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille. |
La guerre | ||
Juin 1940 - Pour la plupart des généraux français, la guerre est perdue et déjà, le gouvernement de Vichy s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat. Pourtant quelques radios françaises branchées sur Radio Londres captent un message d'espoir. En effet, le 18 juin 1940, un général français lance un appel à tous ceux qui veulent défendre un monde libre. Cet appel non enregistré, le Général De Gaulle le répétera le 22 juin 1940 toujours depuis Radio Londres. Il termine son appel par ces mots : « Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». Juillet 1940 - Alors que Dunkerque vient de tomber, Churchill comprend également que ses troupes ne reprendront pas pied sur le continent avant longtemps et que le seul combat immédiat possible devient le harcèlement de l'ennemi par des actions de guérilla. Le 19 juillet 1940, il crée le Special Operations Executive (S.O.E.) (Bureau des opérations spéciales) dont le but est de mettre en place dans les pays occupés des groupes de sabotage et de guérilla et de parachuter du matériel de destruction. A la même période, après de multiples évasions, le capitaine Leclerc rejoint l’Angleterre où il rencontre le Général De Gaulle. Celui-ci voit tout de suite en lui un chef exceptionnel. Il le promeut de capitaine à chef d’escadron dès leur première rencontre et lui donne pour mission de rallier l'Afrique Equatoriale Française (AEF) à la France libre. Leclerc repart début Août vers l’Afrique qu’il connait déjà et va rapidement rencontrer le commandant Louis Dio. En quelques mois, toute l’AEF se rallie au Général de Gaulle. La colonne Leclerc qui compte également le capitaine Massu se dirige vers des postes italiens et prend l’oasis de Koufra le 28 février 1941 avec seulement 300 hommes et un canon. Avec ses soldats, le colonel Leclerc y fait le serment de ne pas déposer les armes avant d'avoir vu le drapeau français flotter sur la cathédrale de Strasbourg. En Angleterre, la responsabilité de la section française (section F) du S.O.E. est confiée en novembre 1941 à Maurice Buckmaster. Les parachutages en France ont en fait commencé en mai 1941 mais ce n’est qu’à partir de septembre 1942 qu’ils prennent de l’ampleur. Les agents parachutés recrutent de nombreux agents en France qui dépendent directement des Britanniques tout au long de la guerre. Leur but : constituer des groupes de résistance le long d’une ligne St Malo, Rennes, Châteaubriant, Saint-Nazaire, pour pouvoir, le moment venu, contenir les Allemands en Bretagne. En Afrique, Leclerc poursuit les combats en Libye et participe à la prise de Tunis par les Alliés avec la Force L (L pour Leclerc) au tout début de 1943.
|
Entrée en Résistance | ||
D'autres missions suivront :
|
La rencontre |
C'est au début du mois de juillet 1943 que Jean Richard va rencontrer pour la première fois François Vallée dit « Franck » chef du réseau OSCAR-BUCKMASTER. Celui-ci a été parachuté quelques temps avant. Par l'intermédiaire d'amis, le rendez-vous est fixé … dans une vespasienne place de la gare à Rennes. Le contact s'effectue normalement et les deux hommes prennent le train ensemble jusqu'à Martigné-Ferchaud. |
Une organisation | ||
Jean Richard est alors âgé de 21 ans. Il adhère au réseau OSCAR-BUCKMASTER et aura comme contact Mme PROD'HOMME (alias Herminie) et Bernard DUBOIS. Il sera chargé de plusieurs missions délicates et périlleuses (agent de liaison entre différents groupes, rapatriement de parachutistes venus en mission).
Dans le reste de la région, la répartition se fait comme suit :
Avec Jean Richard, le capitaine Vallée va se rendre à Eancé afin de rencontrer l'aviateur. Son rapatriement vers l'Angleterre est organisé ; le pilote est évacué vers le Morbihan...
|
Des résultats |
- Jean Richard et son groupe avaient trouvé une quinzaine de maison, des fermes pour la plupart suffisamment discrètes comme celle d'Angèle Misériaux mais aussi la propre maison de Jean Richard, pour accueillir des personnes en « situation irrégulière » (en particulier des Hindous évadés du camp de Rennes en mai-juin 1943 et plus tard un Russe). - Il organise la cache des réfractaires du STO et fournit de fausses cartes (avec de vrais tampons qu'une jeune fille sort le soir de la mairie de Martigné-Ferchaud et remet en place le lendemain matin). Plus de 2000 jeunes seront ainsi camouflés. - En tout, c'est plus de 150 aviateurs américains et anglais qui seront recueillis et leur rapatriement facilité. Des containers d'armes parachutés seront récupérés. - Envoyés par le radio « Georges », de nombreux messages partiront vers Londres à partir de la maison des parents de Jean Richard où il a installé son poste émetteur. Ce centre d'émission radio du réseau Buckmaster sera d'ailleurs le point de départ du réseau de résistance d'Ille-et-Vilaine. L'appareil sera régulièrement déplacé afin de ne pas être repéré par les stations d'écoute allemandes. La radio sera ainsi déménagé un peu plus loin chez Monsieur Berthel, le percepteur. Il émettra également depuis la maison des demoiselles Créhin, une ancienne institutrice et une ancienne « bonne de curé » qui étaient agents de liaison. Celles-ci, les soirs d'émission, assurent le guet dehors, sans en avoir l'air, en promenant leur chien. Paul Gommeriel hébergé chez Monsieur albert Hamelin, oncle de Jean Richard, agriculteur à l'Ogaudière en Retiers, accueille également « Georges » pour quelques liaisons. Par la suite, toujours dans la nécéssité de déplacer le poste émetteur, « Georges » s'établit à Rennes et c'est Jean Richard qui prend en charge le transport du matériel. Rangé dans une petite valise bleue, il le transportera en prenant la « micheline ». |
Arrestations |
Fin 1943, malgré toutes les précautions exigées par la clandestinité, aidée par certains français stipendiés ou adeptes fanatiques de la collaboration, la Gestapo va durement ébranler le réseau en arrêtant des dizaines de résistants qu’elle déporte, souvent après des interrogatoires musclés. Au cours de la nuit du 8 au 9 octobre 1943, la police de sûreté allemande de Rennes, accompagnée de Feldgendarmes de Châteaubriant, intervient dans le centre de Martigné-Ferchaud pour arrêter plusieurs personnes soupçonnées d’aider les « terroristes ». Les gendarmes sont les premiers visés. Leur sympathie pour l’action des Résistants locaux et leur aide aux réfractaires du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) n’ont pas échappé aux auxiliaires français de la « gestapo » chargés d’infiltrer la branche martignolaise du réseau « Oscar-Buckmaster ». Dans la soirée du 8 octobre, le chef de brigade s’était vigoureusement opposé à l’un de ces sbires suite à l’arrestation de Clément Lebas, réfugié brestois. Vers 23 heures 30, l’immeuble de la brigade de gendarmerie est investi (rue Valaise à l’époque). Les quatre militaires présents, Jean-Baptiste Planchais, Victor Piete, Rogatien Guilemoto, Louis Martin, sont enchaînés et conduits à la prison Jacques Cartier à Rennes avant d’être transférés dans les camps de concentration nazis le 9 mai 1944. Le 9 octobre, traqués par le sinistre François Kaminski, un français à la solde de la Gestapo, plusieurs membres du groupe seront arrêtés dont le père de Jean Richard, Emile Richard âgé de 57 ans, ancien combattant de 14-18. A chacun de ses interrogatoires, il répondra : « Mon fils et moi, nous sommes français ».
Marie Gourhand qui était mariée depuis un peu moins d’1 an avec Jean Gourhand, se souvient très bien de cette journée du 9 octobre, lorsque les allemands ont arrêté son mari ainsi qu’Emile Richard et les gendarmes, mais aussi des journées qui suivront les arrestations; Les visites quotidienne de cette « petite saloperie avec son pétard » (Kaminski); La perquisition de la maison Richard; L’occupation de la maison par les soldats allemands; La Kommandantur située dans les chambres au-dessus... Dans les jours qui suivront d'autres arrestations auront lieu : André Maignan, Mignot, Raymond Poulain...Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1943, la quasi totalité de la famille Nobilet, les deux domestiques, « Georges » le radio et un étudiant rennais, Louis Moine, sont appréhendés à la ferme de la Talmachière à Saint-Brieuc-des-Iffs. Arrêtée à son domicile également en novembre, Herminie Prod'homme réussit grâce à son courage à prévenir le Capitaine François Vallée qui parvient à s'enfuir et à gagner Paris où il reste en liaison avec les rescapés du réseau. Madame Prod'homme sera déportée à Ravensbrück où elle mourra le 24 février 1945, à l'âge de 42 ans. Le 6 décembre 1943, la gestapo intervient au domicile Swingelstein à Rennes pour contrôler l'identité de tous les occupants. Ne trouvant sans doute pas ce qu'ils recherchaient, ils arrêtent Yvan Swingelstein (le fils âgé de 17 ans) qui est aussitôt conduit à la prison Jacques Cartier à Rennes. La gestapo lui présentera diverses photos dont celle de Jean Richard qu'il niera connaître. Yvan sera remis en liberté huit jours plus tard. La police allemande devait connaître cette adresse car elle était officielle et devait donc figurer sur des registres... C'est à ce moment là que la famille Zwingelstein comprit le rôle de Jean Richard qui n'était plus hébergé chez eux après l'été 1943. Le 7 décembre 1943, Angèle Misériaux, mère de 6 enfants, sera arrêtée avec 5 autres personnes par la Gestapo. Elle mourra également en déportation. En tout, 24 personnes auront été arrêtées à Martigné-Ferchaud et 12 mourront en déportation. Traqué à nouveau, François Vallée se cache avec son frère Robert, ancien officier de marine devenu son secrétaire, et cherche à regagner Londres au plus vite. Mais, dénoncé aux Allemands, alors qu'il doit prendre un train à la gare de Lyon, il est arrêté par la Gestapo début février 1944, en compagnie de son frère et d'Henri Gaillot. Robert qui sera déporté au camp d'Elrich-Dora où il décède en février 45.
|
Monsieur "Jean" |
Prévenu par un gendarme juste avant les arrestations, Jean Richard a eu le temps de s'échapper en passant par derrière la maison familiale alors que son père restait. Il reçoit le 15 octobre 1943 l'ordre de quitter son centre d'action et de rejoindre l'armée De Gaulle en Angleterre. Avant son départ il participera à un dernier parachutage réussi d'armes et de munitions aux environs de Fercey sous le commandement du Capitaine François Vallée. Une première tentative d’exfiltrage effectuée par l’organisation d’Emile Guimard (Raymond Guillard fait parti de l’équipe chargée de récupérer Jean) ayant échoué à Martigné Ferchaud du fait de la présence de la Gestapo et de la milice qui le recherchent activement, Jean rejoint Ruffigné (par l'intermédiaire de Bernard Dubois, son ami et chef de la Loire-Inférieure). Il restera 3 à 4 jours chez le maire Alexis Guérif avant d’être conduit, toujours par Bernard Dubois, chez le Général Allard. Jean est ensuite transféré dans la région de Pipriac. Emile Guimard et Henri Tanguy viennent le récupérer à Messac avec 4 Américains, Louis Glickman et John Semach (sûr) et très probablement William Cook et Joseph Burkowski1. Henri Tanguy conduisait la camionnette des sœurs Mallard de Plumelec.2 Jean Richard, connu désormais sous le pseudonyme de « Monsieur JEAN », gagne ainsi le maquis du Morbihan. Emile Guimard ne sachant pas vraiment où le mettre, Raymond Guillard, agent de mission du réseau ACTION, propose de le cacher chez sa grand-mère, Madame veuve Julien Coudray qui demeure au lieu-dit Ste-Catherine en Lizio. Elle y tient un café en bordure de la route. Raymond Guillard habitait chez elle à l’époque alors que celle qui deviendrait son épouse, Marcelle David, y était employée. C’est elle d’ailleurs qui approvisionnait Mr Jean et qui lui remettait son courrier; des lettres qu’elle recevait à son nom mais qui comportaient un signe, une petite croix, dans le coin gauche des enveloppes indiquant que le courrier était pour lui. Il y séjournera environ 1 mois et laissera l’image d’un homme impatient, pas très causant. La situation devenant trop dangereuse, Raymond Guillard reçoit l’ordre de le transférer. Il est alors caché à Saint-Servant-sur-Oust, chez les Bernard, deux frères retraités qui habitent une maison en haut de Saint Servant. Fin Octobre, Emile Guimard demande à Louis Boulvais et à son épouse d’héberger trois aviateurs américains : le sergent Ardell H. Bollinger et les Sous-sergents Joseph Markus Kalas et Leonard J. Kelly3. Ils resteront cachés durant un mois dans leur maison située dans la commune de « Le Hélé » mais la situation devient compliquée car ils doivent commencer des travaux dans leur maison qui n’est que d’une seule pièce. Mme Boulvais en parla à Mme Mathurine Bernard qui après en avoir parlé avec son mari, Louis, proposa de les héberger chez eux en compagnie de Monsieur Jean et semble t’il d’un autre aviateur américain, le lieutenant Wayne C Bogard4 qui tentera de s’évader en passant par l’Espagne et sera arrêté à la gare de Toulouse en compagnie d’autres Américains dont le Lt Burkowski. Leur maison se trouve proche de celle d’Emile Perrotin, agriculteur, qui avait participé à leur approvisionnement tout comme Raymond Guillard, une fois ou deux, car il avait un cousin qui était épicier en gros et qui lui donnait des conserves et autres… Ils étaient aussi approvisionnés par le boucher de Saint-Servant, Marcel Paillot. Il est possible à ce moment là que Mr Jean ait travaillé chez Emile Perrotin. Jean devait être rapatrié par quelqu’un d’Avranche. Une dame, semble-t’il habilitée pour cette opération, est venue un jour avec une camionnette boulangère pour récupérer des résistants et aviateurs américains. Ils devaient ensuite partir par une vedette rapide pilotée par un allemand qui prenait 50 000 francs à l’époque par voyage pour les conduire en haute mer. Comme ils voulaient absolument passer en Angleterre mais qu’il n’y avait pas de chef de la résistance sur place, Raymond Guillard prit la décision de les faire partir. Un responsable de la résistance départementale est arrivé sur le coup ; il s’est fâché et a menacé Raymond Guillard de représailles en lui disant qu’il n’avait pas à prendre de décision comme ça. La dame repartit donc seule. Très mécontents de cette situation, Les américains prirent alors la décision de partir. Le 15 décembre 1943 Louis Boulvais est avisé par Guimard qu’Il va devoir diriger le groupe d’américains sur Douarnenez dans le Finistère. Le 20 décembre, Louis vient voir les américains pour leur dire qu’un bateau (La Jeanne) a été trouvé. Départ pour l’Angleterre le jour de Noël. Avant le départ Louis Boulvais est prévenu que Monsieur Jean fera parti du groupe déjà constitué. Haut responsable de la résistance, il doit absolument quitter le pays, sa tête étant mise à prix. Le 23 décembre, jour du départ, les trois américains rencontrent Jean Richard. Louis Boulvais conduit le groupe à pied jusqu’à Plumelec dans le Morbihan où ils sont reçus par Louis Simon, homme d’affaire parlant un peu l’anglais, qui accompagnera la mission. Ils se rendent ensuite chez Joseph Le Barbier, mécanicien, qui les transportera dans sa camionnette jusqu’à la gare de Vannes. Après un bon repas chez les époux Le Barbier, c’est le départ mais Joseph évoque un grand danger à faire la route avec 6 hommes. Cela ne passerais pas lors d’un contrôle. Ils seraient tous arrêtés. Simon indique à Boulvais un itinéraire approximatif à travers champs et bois et Louis Boulvais annonce au groupe qu’ils vont devoir rejoindre Vannes à pied soit une distance approximative de 15 kilomètres. Avant l’arrivée à Vannes il sera nécessaire de séparer le groupe puis de voir si tout le monde est habillé comme il faut et que rien ne puisse attirer l’attention des occupants surtout pour les trois aviateurs qui possèdent une carte de sourd-muet. Tout se passe pour le mieux en chemin mais hélas à l’arrivée en gare, le train est déjà parti. Il faut attendre le suivant. De plus le contact prévu n’est pas là. L’inquiétude est dans tous les esprits. Les Allemands sont omniprésents et les sentinelles font des va et vient sur les quais. Il va falloir agir prudemment et surtout ne pas se faire repérer et bien prendre le train suivant dans des wagons différents. Monsieur Simon qui est à la recherche du contact revient très vite en sa compagnie, ce contact est venu de Douarnenez pour les guider. Le contact informe aussitôt l’inconnu du groupe (Monsieur Jean) qu’il devra descendre à Quimper. Une personne l’attendra. Peu de temps après, il rejoint Douarnenez d'où il s'évadera clandestinement de France de nuit à bord d'une pinasse « Le Breiz Izel » avec d'autres résistants, des aviateurs anglais et américains dont ses 3 compagnons de route, Bollinger, Kalas et Kelly. pour rejoindre l'Angleterre. Dans cette fuite, Jean perdra un (peut-être plusieurs) ami qui, ne voulant rejoindre l'Angleterre, sera arrêté, emprisonné et fusillé à Penthièvre7.
Vous pouvez trouver des informations dans les livres de Raymond Guillard «L'armée de l'Ombre au pays de Ploërmel» ainsi que dans celui de Joseph Jégo «1939 - 1945 Rage Action Tourmente au pays de Lanvaux". Des informations sur le role de la famille Boulvais sur http://www.polejeanmoulin.com/resources/ami-112.pdf Biobliographie : 1 : Le 2ème Lt Joseph (Joe) Burkowski sera arrété le 2 février 1944 à la gare de Toulouse. 2 : Le magasin des soeurs Mallard situé à Saint Aubin fut une plaque tournante de la résistance. Elles abritaient des réunions et organisaient des transports d'armes ou bien des transferts de résistants et de parachutistes avec l'aide de leur chauffeur Henri Tanguy. 3 : Dans le rapport manuscrit de la Patriotic School écrit à leur arrivée en Angleterre, il est précisé que ces 3 soldats américains, rescapés du crash de leur B-17 abattu près de Plémet, ont été en contact à Messac avec les Lieutenants Cook et Burkowski. Ils se sont évadés à bord du Breiz Izel - Voir en Annexe 6 et 11. 4 : Souvenir de Raymond Guillard 5 : Le départ de « La Jeanne » a échoué. Il faut trouver un autre bateau. 6 : Le rapport de la Patriotic School de Jean Richard indique sa présence à Rennes le 10 janvier. Tentative d’évasion de son père ? Réunion importante à Rennes des responsables de la Résistance autour du Général Audibert ? 7 : « Là tu vois, il y a des amis qui dorment... » Relaté par mon père, ce souvenir diffus de mon enfance est également rapporté par des proches. Si le ou les noms restent inconnus, je garde le souvenir de l’émotion qui étreignait mon père lorsque, allant à Quiberon, nous passions devant le Fort de Penthièvre. |
L'évasion à bord du « Breiz Izel » | ||
Ce départ aura été une aventure à haut risque. En effet, ici à Douarnenez, du haut de ses 21 ans, Jean Richard qui en plus " voyage " sous un faux nom est un inconnu… Et un inconnu, ça intrigue... Ça cache peut-être quelque chose... Les passeurs se méfient des " résistants français " qui parfois ont caché des français à la solde de la Gestapo. Ils préfèrent généralement embarquer uniquement des aviateurs et officiers anglais et américains. De plus les ports sont très surveillés par les allemands. Un premier départ était judicieusement prévu pour la nuit du 24 au 25 décembre 1943 afin de profiter des festivités pour détourner l'attention. Malgré les menaces de représailles car la nouvelle a filtré, les volontaires s'emparent vers 23h00 de la " Jeanne "… Mais ne peuvent mettre le moteur en marche. Ils évacuent le bateau et rejoignent le rivage pour être cachés dans des maisons amies. Alors que le groupe " Libération " ratifie l'achat du " jouet des flots ", Noël Le Guillou, un dissident de " Libération ", met sur pied le départ d'un autre bateau au compte de l'organisation " Bourgogne ". Un accord est rapidement trouvé sur le prix de son acquisition: soit 300 000 francs. Cette somme destinée à l'origine à l'achat de la " Jeanne " avait été confiée par Broussine1, agent du B.C.R.A., à Noël Le Guillou. Gabriel Cloarec, jeune père de famille et patron pêcheur, prend alors la responsabilité d'organiser la fuite à bord de sa pinasse, le " Breiz izel ".2 Le départ est fixé pour la nuit de 22 janvier 1944. Quelques jours avant, prétextant une panne de moteur sur son bateau, Gabriel le fait remorquer dans un endroit peu fréquenté du port et signale à son équipage vouloir aller chercher lui-même la pièce à Arcachon. Le lendemain, il se rend en effet à la gare avec sa valise. Il prend un billet qu'il fait poinçonner sur le quai... Puis il disparait et rejoint sa maison dans le noir pour ne pas être vu.
Le 22 janvier 1944 au soir, tout le monde est là. Après un court dîner sans appétit, c'est l'embarquement vers 21h00 à bord du " Breiz Izel " amarré devant la place de l'Enfer au Port-Rhu. Les étrangers sont dans la cale arrière, les français dans la cale avant.
Le poste de garde s'éclaire, la sentinelle allemande en sort, observe le chenal de ses jumelles et dit " C'est un rocher, tu as trop bu " avant de retourner dans son poste de garde sans tirer sur le " Breiz Izel ".3 Direction le large…
Le départ du " Breiz Izel " constitue la dernière évasion réussie, au départ de Douarnenez. Au total, 32 hommes4 sont montés à bord du Breiz Izel parmi lesquels des évadés et résistants français dont des chefs de réseaux : Jean CELTON, André DELFOSSE, Théodore DOARE, François JAOUEN, Yves LE FOL, Jean de la PATELIERE, Yves PERON, Pierre PHILIPPON, Jacques REVERCHON, Jean RICHARD, Yves VOURCH, Jos LE BRIS et des aviateurs alliés (RCAF, RAF, USAF) dont James " Jim " Armstrong5, Commandant américain d'un B17 abattu le 6 septembre 1943 ainsi que les 3 aviateurs américains Bollinger, Kallas et Kelly avec qui Mr Jean avait fait la route de Saint-Servant à Quimper.6
Photographies prises par Yves Vourc'h lors de l'arrivée du Breiz Izel en Angleterre.
Bibliographie : 1 : Georges Broussine alias Bourgogne, chef de mission du B.C.R.A. dirigeait le réseau " Bourgogne " qui possédait d'importante filières d'évasion principalement à travers les Pyrénées 2 : L'organisation de la résistance dans la région de Douarnenez. La préparation de cette évasion a pu rester secrète car elle s'est faite en dehors de la Résistance locale. De fait, le départ du Breiz Izel n'arrangera pas la Résistance organisée qui attend d'un jour à l'autre Pierre Brossolette et ses compagnons
3 : - Par les nuits les plus longues - Réseaux d'évasion d'aviateurs en Bretagne - Roger Huguen - 1993
4 : Annexe 4 - A bord du Breiz-Izel 5 : https://www.histoire-genealogie.com/Classe-44-Annexe-no1 6 : http://www.conscript-heroes.com/escapelines/EEIE-Articles/Art-34-Breiz-Izel.htm |
L’Angleterre et la Deuxième DB | ||||||
Les évadés sont parvenus à bon port à Falmouth. Rapidement, Bolinger, Kallas et Kelly font transmettre un message convenu d'avance sur Radio Londres afin de prévenir la famille Boulvais de leur évasion : « Bonjour à Pépette de la part de ses trois amis ». Pépette était le bébé de 29 mois de la famille Boulvais. (source : Ami entends-tu N°112 1er semestre 2000)
Après un repas au porridge, ils se sont levés à 8 heures et ont pris le train pour Londres. - Là, ils débarquent dans l'univers clos de la « Royal Victoria Patriotic School » où ils seront interrogés sur tous les sujets possibles.
Après ce « filtrage », Jean Richard est engagé volontaire le 24 janvier 1944 au titre du 4ème Bataillon d'Infanterie de l'air à Auclunleck, en Ecosse. Ne pouvant rester dans les parachutistes, sa tête étant mise à prix en France, il est muté en avril au Camp de Camberlay puis est affecté à l'Etat-Major du Général Koenig à Londres. Il y reste jusqu'en juillet 1944, date à laquelle il rejoint le Bataillon de Renfort de la Deuxième Division Blindée, une unité exceptionnelle commandée par un officier hors du commun, le Général Leclerc. Il est affecté plus précisément au 1er Régiment de Marche du Tchad (RMT), le bataillon commandé par le colonel Dio. Ce régiment glorieux est né d'un pari audacieux fait le 2 mars 1941 à Koufra, en Lybie, par le colonel LECLERC: « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».
Après trois années,
Au sein de cette glorieuse 2ème DB, Jean Richard gagnera la Croix de Guerre et plusieurs citations.
Lettres du Soldat Jean Richard (US Army) à sa famille :
Dernière lettre de Jean Richard à sa chère maman avant son départ pour l'Indochine : (A son départ pour l'Extrême-Orient, il vient de recevoir la plus haute distinction de l'armée américaine : la Presidential Unit Decoration.) « Un mot ... voici ma nouvelle adresse ... Je pars cette nuit. Surtout ne vous affectez pas. Fidèle à la parole donnée à De Gaulle, il est de notre devoir d'aller partout ou les intérêts français sont en jeu. Les troubles déjà éclatent en Indochine, joyau de notre empire. La deuxième division blindée montrera une fois de plus sa grande valeur au combat. Nous restituerons à la Patrie une belle colonie ; ensuite, notre mission terminée, nous reviendrons au pays natal. » Maria Richard décède durant le second trimestre de 1947.
A l'initiative de Maria Richard, membre de la Résistance, et avec l'aide de mademoiselle Créhin, un monument sera érigé à Martigné-Ferchaud début Janvier 1950, à la mémoire de Madame Angèle Misériaux et des cinquante camarades morts ou disparus en déportation. Le discours d'inauguration de Pierre Morel se termina sur ces mots : « Mesdames et Messieurs, rappelez vous toujours que ce monument perpétue le souvenir d'un officier allié et de Français qui n'ont pas hésité à faire le sacrifice de leur vie pour que nous soyons libres. »
C'est là, à Constantine, qu'il rencontrera celle qui deviendra sa femme, Huguette Attali. Institutrice, elle est la fille d'un tailleur qui tient, rue Zevaco, sa petite boutique face à un magasin de disques tenu par Sylvain Ghrenassia, violoniste et père de Gaston Ghrenassia, futur Enrico Macias.
Jean (en blanc) et ses copains dont Robert Saindon à la pèche. |
Légion d'Honneur | ||||
Grâce à ses anciens et à ses nouveaux compagnons, Jean Renaud, Angèle et Marcel Misériaux, Melles Créhin, Pierre Morel, Daniel Jolys, Bernadette Poiraud, Yannick Letourneurs du Val et tous les anciens de la 2ème DB de la Mayenne, grâce aussi à tous ses anciens amis de Martigné-Ferchaud et aux « nouveaux » du canton de Grez-en-Bouère, sa mémoire restera ancrée en nous ... et l'Histoire prend forme. « ... Je vous quitte, mais je ne quitterai pas l'insigne de notre division, je le conserverai car ce sera ma plus belle décoration ... »
14 Mai 2007 - Moins de 4 mois ce sont écoulés - Ma mère très affaiblie par la maladie et la disparition de mon père le rejoint.
|
« Publication sous licence GNU de documentation libre » Yann Richard |
Remerciements |
Mon père ayant toujours été très secret sur ces dures années de guerre qui l'on beaucoup marqué (mort dramatique d'amis (l'un d'eux fut fusillé à Penthièvre) mais surtout de son père en camp de concentration, décès de sa mère peu de temps après la guerre), je ne disposais que d'informations éparses sur sa vie militaire. A ma grande surprise, certains amis de longue date, camarades de la 2ème DB ne connaissaient qu'imparfaitement son passé de résistant. Je remercie tout particulièrement Madame Bernadette Poiraud qui m'a fait connaitre l'ouvrage collectif de La Mée, Monsieur Pierre Morel, résistant et ancien compagnon de mon père, Monsieur Daniel Jolys et Monsieur Raymond Guillard pour les renseignements, transcriptions et bibliographies qu'ils m'ont fourni. Un certain nombre de sites m'ont permis d'avancer dans mes recherches, l'ouvrage collectif de la Mée et dernièrement un site racontant l'épopée de 3 aviateurs américains qui s'évadèrent de France à bord du Breizh Izel. Merci enfin à toute personne se souvenant de mon père et qui pourra me fournir des renseignements et/ou des photos de mon père en Bretagne, en Angleterre, en Indochine ou en Algérie. E-mail : y-richard@wanadoo.fr |